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France entière

Les Epl, réactives face à la crise

Publié le 29 avril 2020, par Laurence Denès, Philippe Pottiée-Sperry et Stéphane Menu

Il ne rate jamais une occasion de faire passer le message. Pour Jean-Marie Sermier, député du Jura et président de la Fédération des Epl, « l’économie mixte, c’est du service public de proximité ». Depuis le début de la crise sanitaire, les faits lui donnent raison : les Epl sont en première ligne de cette guerre sanitaire, parfois en dehors de leur zone habituelle d’intervention. Dans ce contexte singulier, leur souplesse d’adaptation fait merveille. La démonstration en quelques exemples.

(Photo Nelly Blaya)

Dans la brutalité de sa survenue, la crise sanitaire a demandé à chaque Epl d’adapter son fonctionnement et d’analyser en un temps record les moyens de renforcer leur efficience. Ces défis, la Sem Lot Aide à Domicile (LAD) et ses 900 salariés ont eu à les relever très vite. Avec une certaine urgence pour assurer la sécurité des 4 000 bénéficiaires dont la moyenne d’âge est de 82 ans. « Nous avons mis en place des équipes dédiées qui fonctionnent bien et assurent un service formidable, souligne Marc Gastal, président de la Sem et vice-président du département. En cette période si difficile, nous sommes au chevet des personnes âgées, en lien étroit avec la CPAM et l’ARS, afin qu’elles restent au maximum à leur domicile pour ne pas engorger les hôpitaux ». « Notre rôle est essentiel avec des aides à domicile en première ligne », poursuit Rémi Bensoussan, le directeur général de LAD. Les équipes de l’Epl continuent d’assurer tous les actes essentiels (aide au lever, à la toilette, au repas…) au domicile des personnes âgées dépendantes ou en situation de handicap.

Des équipes spécialisées ont été constituées pour s’occuper des personnes atteintes du Covid-19 ayant pu rentrer chez elles.

« Tours de veille »

« Ces services sont effectués avec tous les gestes barrière », insiste le DG. Les aides à domicile bénéficient du matériel nécessaire comme à l’hôpital (masques FFP2, gants, surblouses) grâce au stock de LAD (2 000 masques notamment) et à l’aide forte apportée par le département. Un peu oubliée au départ par les autorités sanitaires comme les autres structures pour les personnes âgées, la Sem intègre à présent les circuits de distribution. De par son statut particulier, sa mission s’est même renforcée avec le rôle qui lui a été confié de plateforme auprès des différentes structures du département (foyers logements, structures privées…) pour distribuer du matériel comme des masques ou du gel hydroalcoolique. La nouvelle organisation de LAD durant la crise s’appuie aussi sur des « tours de veille » : les aides à domicile se rendent régulièrement chez les personnes âgées, mais sans rentrer dans leur domicile. Elles passent un peu de temps avec elles pour discuter, savoir si tout va bien et leur apporter leurs courses si elles le souhaitent. « Malgré l’inquiétude légitime de nos salariés, toutes et tous ont répondu présent. Je suis vraiment impressionné par leur dévouement », tient à saluer Rémi Bensoussan.

XL Autonomie, adaptation vitesse XXL

Face à la pandémie, certaines Epl ont vu leur activité dynamisée, notamment dans les secteurs du social et du médico-social où le modèle s’est révélé de plus en plus pertinent ces dernières années. Et il y a celles qui, nécessité faisant loi, n’ont pas hésité à modifier – peu ou prou – leur objet pour répondre, en temps réel, aux innombrables besoins engendrés par la crise, témoignant ainsi de leur souplesse et de leur réactivité. XL Autonomie relève tout à la fois des deux catégories. Dédiée à l’accompagnement des personnes à domicile auxquelles elle propose un bouquet de services humains et numériques contre 30 euros mensuels (1), cette jeune SemOp constituée en 2019 entre le conseil départemental des Landes et La Poste est en effet pensée pour répondre à la terrible actualité du moment. « Mais la crise a éclaté alors que nous étions encore en phase de lancement commercial », explique le directeur général de la jeune entreprise Raphaël Tamponnet. Résultats : « Si les tout premiers abonnés de nos services ont ainsi l’avantage de pouvoir traverser cette période dans un moindre isolement, nombre de seniors se sont malheureusement retrouvés – confinement oblige – dans l’incapacité de recevoir nos techniciens pour l’installation des matériels de téléassistance ou la connexion numérique ».

Ardoiz, la tablette sénior en vogue

Des seniors dont l’intérêt pour XL Autonomie devrait toutefois se trouver renforcé en sortie de crise. En attendant, et à la demande du Département, la SemOp a donc elle aussi quelque peu modifié ses missions premières pour se mettre à la disposition des Ehpad du territoire. Cinquante de ses tablettes tactiles Ardoiz, sans clavier ni souris et spécifiquement conçues pour les seniors, ont notamment été distribuées dans les établissements afin d’y maintenir le lien avec les familles, clé 4G incluse lorsque le réseau fixe laisse à désirer. Un geste solidaire soutenu par la Conférence des financeurs.

Dans le Haut-Rhin, mettre son enfant en crèche… un samedi soir !

Dans le Haut-Rhin, la Spl Enfance et Animation (Splea) intervient sur les secteurs de la petite enfance, de l’animation et de la jeunesse. Dans ce département, affecté très tôt par le Covid-19, un arrêté préfectoral a fermé toutes les écoles comme les structures périscolaires et de loisirs dès le 7 mars. Dans ce contexte, la Spl a tout de suite voulu manifester sa solidarité. « Nous avons mis en place, en lien avec l’éducation nationale, un accueil de loisirs pour les enfants des personnels soignants », explique Nicolas Terrasse, son directeur général. Autre initiative proposée, assez innovante, toujours en direction des personnels soignants : l’ouverture d’une crèche aux horaires atypiques (nuit et week-end). C’est la seule offre de garde d’enfants de ce type qui existe. Mais pour l’instant, aucune demande n’a été faite. « C’est un peu étonnant, reconnaît le DG. Mais nous sommes toujours disponibles et prêts. La crèche peut ouvrir dès demain si la demande nous est faite ».

Dans le Grand-Est, priorité aux tests sérologiques

Avec cette crise, la France a découvert qu’elle n’était pas autonome en production de masques ou de tests sérologiques. Un déficit qui aurait été sans conséquence si le fameux virus masqué n’avait pas vu le jour. Mais il en a décidé autrement et le pays a eu et a toujours des difficultés à s’adapter. D’où l’intérêt de la démarche entreprise par la Région Grand-Est qui a choisi de créer une Sem, Dynamise, pour élaborer et rendre possible sa stratégie d’approvisionnement en tests sérologiques. Frappée durement par la crise sanitaire, la Région Grand Est a décidé de prendre les devants, notamment pour sécuriser l’accès à un volume massif suffisant de tests sérologiques Covid-19 et satisfaire ainsi les besoins des populations du Grand Est. « Il est temps d’anticiper l’après Covid-19. C’est dans cette perspective que nous créons cette société qui facilitera l’approvisionnement en tests sanguins, affirme Jean Rottner, Président de la Région Grand Est. Cette capacité à tester massivement notre population représentera un enjeu clé pour la reprise de notre activité et celle de nos concitoyens. Réalisés à grande échelle et de façon équitable, ces tests restaureront la confiance de notre population et simplifieront l’après Covid-19 ». Dynamise entend passer à l’action dès le début du mois de mai, quand les tests sérologiques auront été certifiés. D’autres exemples auraient pu être cités, comme la suspension des loyers décidés par la Semiso (Société d’économie mixte de Saint-Ouen) sur simple déclaration sur l’honneur, avec un étalement des loyers sur douze mois dès que le déconfinement sera effectif.

(1) Abonnement éligible au crédit d’impôt, soit en réalité 15 euros après déduction fiscale.

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