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Laurence Moret (Fondation du Crédit Coopératif) : « L’ESS est un écosystème d’une grande diversité »

Publié le 21 mai 2025

Pour la secrétaire générale de la Fondation du Crédit Coopératif, l’économie sociale et solidaire est appelée à se renforcer face aux défis transitionnels à relever. Et, pour aller plus vite dans le concret des dossiers à traiter, les Epl ont un rôle à jouer dans la construction d’un monde plus juste et plus solidaire.

Pouvez-vous nous présenter la Fondation du Crédit Coopératif ?

La Fondation Crédit Coopératif a été créée il y a quarante ans, dans les pas de la banque éponyme qui, est née il y a 130 ans pour accompagner le développement des coopératives puis de l’économie sociale et solidaire (ESS) dans son ensemble. Et nous sommes convaincus que cette forme d’économie reste et trace la voie de l’avenir pour relever les défis de notre temps, pour une société plus juste, solidaire et inclusive. Dans le groupe Crédit Coopératif, la banque finance des projets (essentiellement par le crédit), les sociétés de gestion du Groupe – Esfin Gestion et Ecofi du financement du haut de bilan. La Fondation est, quant à elle, l’outil de mécénat du Groupe au service de l’ESS. Elle soutient des organisation de l’ESS apportant des réponses sociales et environnementales locales au travers des Prix de l’inspiration en ESS, et des associations qui travaillent à apporter des solutions systémiques aux enjeux de transitions au travers de ses partenariats nationaux.

De tous temps, cette cohérence entre les intentions portées par la Crédit Coopératif et les plans stratégiques successifs de la Fondation a permis d’œuvrer en complémentarité pour le développement de l’ESS et le rayonnement de ses réponses sociétales.

Comment se traduit dans les faits ce soutien au tissu associatif ?

Nous remettons chaque année les prix de l’inspiration en ESS. L’objectif est de donner un coup de pouce à des acteurs locaux dans le domaine social ou environnemental. 57 projets locaux sont soutenus chaque année. Cette année, nous passons un cap avec une nouveauté : les 138 000 sociétaires du Crédit Coopératif sont invités à désigner les 14 prix régionaux, à partir desquels le prix national de l’inspiration en ESS sera désigné par le conseil d’administration de la fondation. Chaque lauréat, à l’échelle locale, reçoit 3 500 € pour déployer son projet. Si le projet est retenu à l’échelle régionale, il perçoit 1 500 € de plus. Enfin, le prix national est doté d’une enveloppe totale de 10 000 €. Pour les partenariats nationaux visant à transformer les structures de l’ESS pour une transition juste et solidaire, nous réunissons  quatre conseils d’administration par an qui valident une vingtaine de projets venant contribuer à notre plan stratégique.

Comment accompagnez-vous la transformation des acteurs de l’ESS vers une transition juste ?

Notre quinquennat actuel repose sur trois axes stratégiques. Le 1er soutient la volonté d’agir collectivement, notamment des démarches d’éducation populaire. Le second repose sur l’accompagnement de la relève générationnelle dans l’ESS, qui devient une urgence. Face aux départs à la retraite, nous devons attirer les plus jeunes pour qu’ils s’investissent dans l’ESS aussi bien en tant que salarié, membre de la gouvernance ou bénévole, et ce en apportant du  sens à leur vie professionnelle et personnelle. Enfin, le 3ème axe repose sur la valorisation et la diffusion de la recherche menée sur ce secteur en vulgarisant la connaissance, en la rendant plus opérationnelle pour les acteurs de l’ESS. La Fondation est bien identifiée par le secteur puisque nous avons reçu en 2024 400 demandes de partenariats nationaux et 1200 candidatures pour les prix.

Croisez-vous à ce jour des projets, des initiatives, où les Epl sont associées ?

Dans la mesure où nous encourageons une transformation systémique de la société pour une transition juste, nous sommes à l’écoute de toutes les parties prenantes sur cet enjeu. Des porteurs de projets comme J’accueille by Singa (la création d’une plateforme qui met en lien les collectivités, les associations et les travailleurs sociaux pour transformer les réfugiés et les personnes défavorisées en opportunité pour des communes), la Fabrique des transitions (qui accompagne les acteurs publics et privés pour s’engager dans la transition), le RTES (qui réunit les collectivités territoriales pour développer les initiatives de l’ESS de terrain)…sont des porteurs de solutions collectives.

Et le Crédit Coopératif, en tant que banque, travaille tout particulièrement à ce rapprochement avec la Fédération des Epl, pour avancer ensemble et de manière coordonnée pour promouvoir et mettre en œuvre  cette transition. Car le rôle d’accélérateur des Epl est une évidence. Si le point commun entre les Epl et l’ESS est la défense de l’intérêt général, les deux secteurs montrent des différences dans les modes de gouvernance, naturellement plus démocratiques du côté de l’ESS. En revanche, les Epl disposent de budgets beaucoup plus importants que beaucoup d’acteurs locaux de l’ESS pour agir. Enfin, des fleurons de l’ESS comme Enercoop (Coopérative d’énergies renouvelables) ou Citiz (autopartage de véhicules) sont déjà dans le capital de certaines Epl ou travaillent étroitement avec elles.

Pourquoi ne pas imaginer que les Epl portent à l’avenir des projets de nature philanthropique, en encourageant et valorisant l’engagement citoyen sur les territoires ?

Le Groupe Crédit Coopératif est proche des Epl parce qu’elles ont, elles aussi, la volonté et la capacité de peser sur les transformations en cours. Face à la logique de la lucrativité, l’ESS et les Epl peuvent jouer ensemble leur rôle de contrepoint, et elles comptent bien s’y engager de manière active .

Par Cécile CONSIGNY
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