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Naviguer entre leadership et résilience en temps de crise

Publié le 21 décembre 2023

Mardi 12 décembre, lors du congrès des Epl, a eu lieu la conférence Alumni Epl management, animée par Bernard Vedrenne, ancien collaborateur de la FedEpl et auteur. L’événement a été marqué par des discussions profondes sur le leadership et la résilience au sein des Epl.

Leadership et résilience
Sylvie Gardahaut, méristHèmE, Claude Ernest Ndalla, ancien secrétaire d’État à la présidence du Congo, et Bernard Vedrenne, auteur. ©Emmanuel Nguyen Ngoc

Le défi du leadership

Bernard Vedrenne a ouvert la conférence en soulignant la complexité inhérente à la gestion des Epl, dont les dirigeants doivent être en mesure de gérer avec agilité la relation avec les élus locaux, leurs collaborateurs et leur écosystème. Les intérêts des uns divergent, en effet, des intérêts des autres. Si la communication n’est pas optimale, notamment entre les dirigeants et leurs élus, cela vient alimenter et exacerber cette complexité ; dans certains cas, le rôle des médias n’y est pas étranger.

En tant que dirigeant, il est essentiel de se concentrer sur les relations humaines en entreprise et sur le collectif.

Nous passons souvent plus de temps aux détails qu’à notre mission principale.

Ainsi l’accent doit être mis sur le travail essentiel, déléguant les tâches secondaires pour optimiser l’efficacité.

Remettre l’humain au cœur du travail

À la suite de cette première partie d’atelier, Sylvie Gardahaut, directrice associée chez méristHèmE, a partagé la mission de son entreprise axée sur l’humain. Comme le soulignait Bernard Vedrenne, l’entreprise ne doit pas être limitée à une entité morale, mais à un collectif. La notion d’énergie collective est essentielle.

Le lien s’est ensuite fait tout naturellement avec les concepts de résilience et leadership.

Lexique :

La résilience est la capacité à surmonter le stress et l’adversité.

Le leadership est, quant à lui, la capacité à influencer et guider un collectif. En matière de compétences interpersonnelles, il est la capacité à inspirer et mobiliser.

Pour définir la résilience, il est important de mettre en lumière la distinction entre la douleur, signal d’action nécessaire, et la souffrance, corollaire de la douleur.

Nous faisons tous l’expérience de la douleur.

C’est un mécanisme formidable. Sans la douleur nous ne serions pas là, car elle est un mécanisme de survie qui nous renvoie à une réaction. Sans elle, nous ne serions pas capables de nous défendre ; elle est à la fois inévitable et indispensable. La douleur et la souffrance sont très différentes. On ne souffre pas à chaque fois que nous ressentons de la douleur. Ainsi « La résilience n’est pas un moyen, c’est une conséquence ». Elle est un état d’être, la conséquence d’un processus interne.

Nous avons, chacun, la capacité d’agir sur le processus de la résilience, en 3 étapes (les 3A) :
  • Accueillir la douleur quand elle arrive
  • Adresser la situation et agir
  • Apprendre et innover en se posant la question « Que ferons-nous lorsque la même situation se présentera ? »

Il faut se regarder faire et porter un regard bienveillant sur ce que l’on fait. C’est le principe de réalité (le positive conscient). On prête attention à ce que le cerveau est entrain de dire afin de se remobiliser.

Dans une situation douloureuse, le rôle du leader est d’accueillir les difficultés pour les traiter et agir ; une fois la situation adressée, on apprend sur ce qui s’est passé dans le processus. On va chercher à innover et rebondir. Le leader capitalise sur les forces. Ce qui compte n’est pas ce qui arrive, mais le regard que nous portons sur ce qui arrive.

Une recommandation : Exercez-vous en prenant le temps de vous regarder faire. Quel est notre pouvoir dans cette situation ? La résilience est comme un muscle nécessitant un développement constant.

La résilience en politique

Claude-Ernest Ndalla, ancien secrétaire d’État à la présidence du Congo, chargé de la Jeunesse et des Sports, et ambassadeur en République Populaire de Chine, République démocratique du Vietnam et République démocratique et populaire de Corée, a partagé un témoignage poignant de résilience. En 1972, confronté à un choix déchirant, il a refusé de communiquer les noms de jeunes militants, malgré une condamnation à mort, car cela aurait été une trahison de la jeunesse, dont il avait la charge politique.

Plus tard, en 1977, bien qu’étranger à l’assassinat du président Marien Ngouabi, il est devenu malgré lui le leader du mouvement M22, mouvement révolutionnaire qui tire son nom du putsch manqué le 22 février 1972, contre l’oligarchie bureaucratique militaire et tribale au pouvoir au Congo-Brazzaville, subissant une nouvelle condamnation à mort. Ce mouvement est nourri par toutes les luttes de la jeunesse et de la gauche congolaises depuis août 1963.

Emprisonné, puis libéré en 1979, ses tentatives de transparence ont été réprimées par le gouvernement, le contraignant à un exil forcé depuis sept ans en France. Claude-Ernest Ndalla a ainsi souligné la résilience, comme arme politique et idéologique, nécessitant la compréhension des origines des crises, la proposition de solutions concrètes, et l’anticipation pour mieux réagir. Son histoire met en lumière la résilience pour surmonter l’adversité politique.

Il faut toujours regarder devant soi et suivre l’objectif que nous nous sommes fixés et y apporter des solutions réfléchies et concrètes. La question à se poser est comment s’est arrivé ? Et non pourquoi ?

Pour découvrir la biographie de Claude-Ernest Ndalla, nous vous renvoyons à l’article « Congrès des Epl : focus sur la conférence Alumni Epl management », ICI.

Naviguer entre leadership et résilience

La conférence a abordé des aspects cruciaux du leadership et de la résilience en temps de crise. La nécessité de comprendre les différents mécanismes des crises, de reconnaître la douleur comme un moteur d’action et de s’entraîner à la résilience a été soulignée. Les témoignages ont renforcé l’idée que la résilience est un processus interne qui permet de cultiver son leadership et d’avoir une compréhension approfondie des défis à relever.

Par Perrine GOUEREC
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