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Transition écologique et transition numérique au menu des Capteurs de territoires

Publié le 11 avril 2019

Le 29 mars, les membres de Capteurs de territoire, laboratoire d’idées de la Fédération des Epl se sont retrouvés pour échanger sur l’interdépendance entre transition écologique et transition numérique. Avec une question en fil rouge de la discussion : « Transition écologique, transition numérique : inventer le territoire qui pensera ces deux transitions ensemble ? »

Photo FedEpl

Afin de présenter les enjeux et d’en tirer des problématiques de discussion, la séance a débuté par une présentation de Jean-Paul Vogel, directeur des grandes mutations au Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT).

Sa présentation a rappelé les 4 enjeux écologiques majeurs : le changement climatique, la perte accélérée de biodiversité, la raréfaction des ressources et la multiplication des risques sanitaires. Du côté de la transition numérique, il faut noter que c’est un sujet de politique publique récent, puisque la loi sur une République numérique ne date que d’octobre 2016.

Les nombreux impacts du numérique sur l’environnement

Les impacts du numérique sur l’environnement sont nombreux. Par exemple, la consommation des data centers ne cesse de croître et augmente plus vite que l’ensemble de la consommation énergétique mondiale. En effet, la climatisation et le système de refroidissement représentent presque 50 % de leur consommation énergétique. De plus, le numérique représente 8 % de la consommation énergétique mondiale et les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 80 % dans le monde entre 1970 et 2010 avec une part croissante de cette augmentation imputable à la digitalisation.

Plusieurs solutions ont été avancées pour minorer les impacts du développement du numérique sur l’environnement comme réduire la consommation électrique des équipements électroniques, utiliser les technologies pour réduire les gaz à effet de serre dans d’autres secteurs, améliorer le refroidissement des data centers, développer les smartgrids.

Actuellement, il n’existe pas de passerelle évidente entre la transition énergétique et la transition numérique. Une des principales pistes de réflexion émane du livre blanc porté par 5 instituts de recherche et ONG. « Faire de la transition numérique un accélérateur de la transition écologique » dont certains objectifs sont les suivants :

  • faire de la France un champion de la réparation et du réemploi des équipements numériques,
  • réaliser au niveau national, une revue numérique des politiques environnementales et s’appuyer sur les innovations,
  • engager au niveau national et local une « revue écologique » des programmes d’innovation numérique sur le véhicule autonome afin qu’ils intègrent les enjeux environnementaux,
  • créer une base de données publique pour permettre aux acteurs du numérique d’analyser leurs impacts environnementaux.

Les propositions pour un territoire conciliant transition écologique et transition numérique

Après la présentation, les membres de Capteurs de territoires ont réfléchi à la formulation de propositions pour un territoire conciliant transition écologique et transition numérique :

  • La mise en place d’une planification territoriale : les participants regrettent la juxtaposition d’individualisme dans les territoires sans vision globale. Chaque niveau de collectivité pourrait intégrer un volet de planification mêlant transition écologique et transition numérique. Si la transition écologique est grandement décentralisée, ce n’est pas le cas de la transition numérique. Toutefois, cette dernière pourrait être incluse dans certains schémas directeurs adoptés par les régions et/ou des départements. Un chapitre pourrait, par exemple, être dédié aux 2 transitions dans le Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (Sraddet) ou au sein du Schéma régional de cohérence écologique (SRCE). Les Epl pourraient y être impliquées.
  • Mise en place d’appels à projets dédiés aux deux transitions : à ce jour, il n’y a pas d’appels à projets locaux, régionaux, nationaux ou européens dédiés au numérique au service de l’écologie. Pourtant, certaines innovations ou bonnes pratiques pourraient être financées. Par exemple : l’agglomération de Toulouse est saturée au niveau routier et des études ont montré qu’il suffisait qu’une voiture sur 5 ait 2 personnes à bord pour éviter la saturation. Le numérique pourrait aider à désencombrer la rocade toulousaine.
  • Réutiliser l’énergie des data centers : une des propositions serait de valoriser l’énergie produite par les data centers qui, en sous-sol d’immeubles, créeraient de la chaleur ou du froid. Certains projets existent mais ils ne relèvent que de la bonne volonté des promoteurs et aucun suivi n’est effectué.
  • Obsolescence des objets numériques : il y a un vrai besoin de lutter contre l’obsolescence des objets numériques, de plus en plus rapide, et de proposer des pistes de recyclage pérennisées. Une autre idée pourrait être d’allonger la durée de vie des équipements numériques.
Par Bénédicte FABRE
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